Entre l'enclume et l'oracle ...
Je suis née entre deux mondes : celui du fer chauffé à blanc et celui du silence des cartes.
Du côté de mon père, le sang coule depuis sept générations dans les veines des forgerons et maréchaux-ferrants. Ils façonnaient le fer comme on façonne une destinée : dans le feu, la sueur, la maîtrise. Leurs enclumes résonnaient comme des tambours anciens, martelant le rythme d’un monde solide, tangible. Chaque outil qu’ils créaient n’était pas seulement utile, il était habité. Leurs mains portaient le feu sans jamais s’y brûler, elles savaient transformer.
De l’autre côté, à Palma de Majorque, sur cette île baignée de lumière et de secrets, vivaient sept générations de femmes aux mains douces mais au regard perçant. Elles lisaient les signes, les silences, les battements de cœur dissimulés dans les cartes. Leur savoir n’était ni écrit ni affiché, il se transmettait dans la pénombre des cuisines, au creux d’une voix, d’un geste, dans le tirage d’une Baraja Española fatiguée par le temps. Elles savaient voir ce que l’on cache et parfois ce que l’on redoute.
Moi, je suis le fruit de ces deux lignées. Je porte le feu des forges et celui de l’intuition. Je suis à la croisée du monde concret et du monde subtil. Mes racines sont solides, ancrées dans le réel et mes branches touchent les vents de l’invisible.
Ce double héritage m’accompagne chaque jour. Il m’enseigne que transformer le monde que ce soit par le fer ou par la parole, par l’outil ou par la carte demande la même chose : une présence, une écoute, une intention claire.
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